LES ANCIENNES SYNAGOGUES

La synagogue sépharade “Ari”

Selon la tradition, c’est ici que le Ari (Rabbi Isaac Luria, de mémoire bénie) a étudié la Torah. C’est dans la grotte creusée dans le mur est que lui est apparu le prophète Elie et lui a transmis ses « révélations » et exégèses de l’enseignement ésotérique et kabbalistique. C’est la plus ancienne synagogue de Tzfat. Autrefois dénommée Synagogue du prophète Elie, elle est unique de par ses dimensions et son plafond magnifiquement décoré. Le grand tremblement de terre de 1837 l’a pratiquement détruite mais elle a été restaurée grâce à la contribution du philanthrope, R. Isaac Gueta. En 5708 (1948), elle a servi d’important avant-poste contre le quartier arabe de Charth El Romana. Des meurtrières ont été pratiquées dans le mur septentrional  et servi les défenseurs de Tzfat. La synagogue a été récemment rénovée et restaurée.

La Synagogue Abuhav

Il s’agit de la plus belle des anciennes synagogues de Tzfat, exceptionnelle par  les symboles qui ornent son dôme, soutenu par 4 piliers.  Elle porte le nom du sage séfarade, R. Isaac Abuhav, qui vivait en Espagne au XVe siècle, dont les élèves, notamment R. Beirav Yaakov, émigrèrent à Tzfat. Elle renferme, dans l’une des trois arches saintes des rouleaux de la Torah, son ouvrage « Sefer Abuhav », connu pour ses forces spirituelles cachées. Aux dires des anciens de Tzfat, c’est grâce à sa sainteté que le mur septentrional ne s’est pas écroulé lors du grand tremblement de terre de 1837, les arches n’ayant pas été touchées.

Afin de s’attirer les bénédictions pour la fécondité et la pureté familiale, les résidents de Tzfat avaient pour habitude de célébrer les mariages dans la cour de la synagogue. Récemment, des travaux ont été entrepris pour rénover et restaurer l’endroit.

La synagogue Joseph Caro

Située ruelle « Beit Joseph », cette synagogue doit son nom au compilateur du Shoulchan Arouch (Code de la loi juive). Le bâtiment d’origine a été détruit pendant les tremblements de terre qui ont frappé Tzfat en 1759 et 1837. Au-dessus de l’entrée, une pierre gravée commémore les derniers projets de restauration.
Selon la tradition, le « Magguid » s’est révélé à Rabbi Joseph Caro dans le sous-sol de la synagogue. C’est lui qui l’aida dans la composition de ses textes. Miracles et merveilles sont liées à ce lieu. Des témoignages du XVIe siècle racontent comment des voix en surgissaient la nuit.

La synagogue ashkénaze “Ari”

Au cœur du quartier juif de la Vieille ville de Tzfat, se trouve la synagogue du Ari, Rabbi Isaac Luria, l’un des grands kabbalistes de la Tzfat du 16e siècle, père de la Kabbalah lourianique.  Né en 1534 à Jérusalem d’un père ashkénaze et d’une mère séfarade, il grandit essentiellement en Egypte chez son riche oncle, Mordéchaï Francis, responsable des douanes dans ce pays. Une lettre de la Genizah du Caire indique qu’il faisait également le commerce des épices. En 1570, il arrive à Tzfat. Rapidement, ses disciples se multiplient.

Il meurt deux ans plus tard, à 38 ans, en 1572. Il sera enterré dans l’ancien cimetière de Tzfat.

Par le passé, on pensait que la synagogue était à l’extérieur de l’ancien  quartier juif, dans un endroit appelé « Pommeraie » où le Ari avait pour habitude d’accueillir le Shabbat avec ses disciples. Selon la tradition, ce n’est qu’à sa mort que ses disciples élevèrent une synagogue à cet endroit. On pense dernièrement que la synagogue aurait été construite 50 ans plus tôt, lors de la première moitié du 16e siècle, par des immigrants originaires d’Espagne. Installés tout d’abord en Grèce (après l’expulsion d’Espagne en 1492), ils partent pour Tzfat lorsque les armées ottomanes ont conquis Eretz Israël, bien avant l’arrivée du Ari en ville. Là, ils fondent la synagogue Gregos (grecque). Ce n’est qu’au 18e siècle, après l’arrivée des Hassidim des pays ashkénazes que la synagogue s’appellera synagogue ashkénaze « Ari ». L’entrée de la synagogue, comme de nombreuses synagogues de la ville, est tournée vers l’ouest, en direction de la tombe du Ari. Le pilier sert de porte-flambeau le 33jour de la supputation du Omer, jour de la hiloula de Rabbi Chimon Bar Yohaï. Dans le passé, vieux et malades, qui ne pouvaient pas aller à Meiron, se rassemblaient autour de ce flambeau que l’on qualifiait “d’allumage inférieur”. Gravement touchée par le tremblement de terre de 1837, ce n’est que 20 ans plus tard que fut inaugurée la nouvelle synagogue, comme l’indique l’inscription de sa façade (1857). La synagogue existe encore aujourd’hui. Des fidèles, pèlerins et visiteurs viennent y prier.  

La Synagogue Tzaddik HaLavan

Dans le vieux quartier juif de Tzfat, se trouve la synagogue de Rabbi Bananai (HaTzaddik HaLavan). Cette synagogue abrite un  antique rouleau de la Torah et, selon la tradition, la tombe de Rabbi Yossi, qui vivait au IIIème siècle, et à qui ont attribue la maxime : « Celui qui étudie la Torah pour l’amour de l’étude – la Torah devient pour lui  un élixir de vie ; et celui qui n’étudie pas la Torah pour l’amour de l’étude – la Torah devient pour lui un poison ». Dans la cour de la synagogue se trouve la souche d’un ancien figuier. Les Anciens de Tzfat racontent à son propos une légende : Rabbi Yossi Banai réparait les ruines de Tzfat et Jérusalem et employait des ouvriers. Alors que pendant l’hiver, il oeuvrait à la reconstruction de la synagogue de Jérusalem, il avait laissé son fils à Tzfat. Les ouvriers qui travaillaient sous la direction de celui-ci eurent faim et demandèrent à manger. Le fils se trouva embarrassé, ne disposant pas de l’argent nécessaire. Dans sa détresse, il s’approcha du figuier et prononça le serment qu’il tenait de son père puis ordonna à l’arbre : « Figuier! Figuier! Donne tes fruits pour que les ouvriers de mon père puissent manger! » Les fruits mûrirent et les ouvriers mangèrent à leur faim. Le lendemain, Rabbi Yossef revient à Tzfat et son fils lui fait part du miracle des figues. Rabbi Yossi soupira amèrement et dit à son fils : Tu as gêné les plans du Saint-Béni-Soit-Il en lui demandant de faire pousser au figuier ses fruits prématurément, tu t’en iras donc aussi prématurément. Le lendemain le fils rendait l’âme.

Sous l’occupation turque, il y avait à Tzfat un gouverneur cruel qui persécutait les Juifs. Il s’en prenait à eux à chaque occasion et surtout lorsqu’il était question de gâcher un jour de fête. Lorsqu’il appris qu’à la veille de Kippour, les Juifs achetaient des poulets pour les « Kapparot » et qu’ils recherchaient spécialement des poules blanches non tachetées, il ordonna aux Juifs de faire la bénédiction sur des poules noires seulement, sous peine de mort par pendaison. Effrayés, les Juifs se rendirent au marché, surveillés par les émissaires du gouverneurs pour y  acheter des poules noires. Ils demandèrent ensuite conseil au rabbin de la ville qui les enjoint à se rendre sur la tombe de Rabbi Yossi Banai. En pleurs, ils supplièrent le Juste d’intercéder auprès du ciel en leur faveur, et d’obtenir le pardon pour avoir utilisé des poules noires. Le Juste décida d’exaucer cette demande et lorsque les Juifs rentrèrent chez eux, ils y trouvèrent des poules devenues blanches comme neige. C’est depuis lors qu’ils nommèrent Rabbi Yossi « Hatzadik HaLavan » (le Juste blanc).