SPIRTUAL LIFE
Les yeux du monde juif étaient tournés vers Tzfat. Rabbins et érudits, kabbalistes, hommes d’action, tous convergeaient ici. Une telle diversité ne s’était pas vue depuis longtemps. ...» C'est ainsi qu’Isaac Ben-Zvi et Meir Bnayahu débutent leur livre « Tzfat » au 16e siècle. À leur avis, Tzfat offrait une réponse aux aspirations messianiques des Juifs espagnol après l'Expulsion. L'une des caractéristiques de la Tzfat du 16e siècle était le nombre considérable de personnalités qui y œuvraient à l'unisson dans la tolérance mutuelle, chacun dans son domaine, créant une synergie sans pareille qui donna lieu à des créations qui constituent encore aujourd’hui, les piliers du judaïsme. Pendant les 60 ans de l'âge d'or, cette floraison de la vie spirituelle, donna à penser de plus en plus que la rédemption était toute proche. Les Kabbalistes se plongeaient dans les études mystiques, convaincus que, ce faisant, ils oeuvraient à la venue du Messie. Même la date était fixée : l'année 1540. Lorsque leurs espoirs ne se sont pas concrétisés, on l’attendit de nouveau pour 1575. Témoignage de l'importance de Tzfat au 16ème siècle, la controverse portant sur l’ordination rabbinique. Rabbi Yaakov Birav, le « Magguid » chef du tribunal rabbinique, désirait, pour la génération qui lui était contemporaine, faire revivre l’ordination rabbinique, comme à l’époque talmudique. Il ne réussit à ordonner que quatre rabbins, dont Joseph Caro. Sans la farouche opposition des chefs religieux de Jérusalem, il aurait peut-être atteint son objectif ultime - rétablir le Sanhédrin, et donc, selon lui, faire venir le Messie. Au cours de cette période, de nombreux ouvrages savants ont été rédigés à Tzfat. Ce n’est donc pas un hasard si la première imprimerie du Moyen-Orient y fut fondée en 1576. Elle fonctionna pendant dix ans et imprima 6 ouvrages. Cependant, les livres les plus importants de cette époque rédigés par les Sages de Tzfat ont été imprimés en Europe. La Halacha émanant de Tzfat – le « Shoulchan Arouch » de Joseph Caro - a été rapidement acceptée par les Juifs dans l'ensemble de la diaspora. Par ce gigantesque travail, il unifia le judaïsme mondial, en lui fournissant des lois codifiées qui, jusqu’à à ce jour, constituent le guide de la vie religieuse pour les Juifs pratiquants. La Kabbale de Tzfat, en particulier la Kabbale lourianique, a exercé une énorme influence sur le monde juif. Des expressions mystiques et poétiques ont été ajoutées à la liturgie, expressions de nature kabbalistique. Le rituel juif a été enrichi de nouveaux concepts tels que le «Tikkun» à la veille de Shavuoth et les « Ushpizin » à Succoth. Les hymnes du Shabbat comprennent aujourd’hui encore le « Lecha Dodi » de Shlomo Alkabetz et à la fin de la prière du vendredi soir, s’il l’on s'incline vers l'ouest, direction du coucher du soleil, c'est pour commémorer l'habitude qu’avait le Ari d’emmener le vendredi soir ses disciples dans les pommeraies pour accueillir la reine du sabbat.