JOSEPH CARO (Espagne 1488-Tzfat 1575)
Rabbi Joseph Caro a réussi là où d’autres avant lui, avaient échoué. Il dota le peuple juif d’un code de loi accepté par tous. Dans son premier livre, « Beit Joseph », il compila toutes les lois et les pratiques rituelles des temps bibliques, ainsi que des décisions et interprétations accumulées au cours de 1500 ans. Tout est codifié systématiquement, et accompagné des décisions sur des questions controversées. C’est avec enthousiasme que le monde juif accueillit la Halacha de Caro et son «Shoulchan Arouch », abrégé du « Beit Joseph », qui fait autorité jusqu’à ce jour.
Joseph Caro était âgé de 4 ans lorsque les Juifs furent expulsés d’Espagne. Sa famille s’installe alors en Turquie, où il a passera les 40 prochaines années. Il fondera une yeshiva à Andrinople. Il connaissait Shlomo Alkabetz. Et a été grandement influencé par Shlomo Molkho et son faux messianisme. Finalement, en 1537, il émigre en Terre sainte et s’installe à Tzfat. C’est ici qu’il rédigera son oeuvre monumentale.
Comme la plupart de ses contemporains, Caro s’est penché sur la Kabbale. Il connut lui aussi des révélations qu’il consigna dans son ouvrage « Magguid Mesharim ». Beaucoup pensent que ce n’est que grâce à la providence divine qu’il réussit à compiler une œuvre de cette envergure.
Tombe du rabbin Yosef Caro
SHLOMO ALKABETZ (Andrinople 1500 - Tzfat 1583)
Rabbi Shlomo Alkabetz est connu principalement pour être l’auteur de « Lecha Dodi » (Viens, mon bien-aimé). Ce poème, est, selon les propos du célèbre chercheur Gershom Scholem « une poésie liturgique associant de façon frappante la symbolique mystique à une aspiration messianique à la rédemption ». Il est chanté jusqu’à aujourd’hui par les Juifs du monde entier qui accueillent le Shabbat.
Alkabetz s’installe à Tzfat, après avoir été inspiré par les Kabbalistes de sa ville natale, Andrinople. Là, il créé une « confrérie » dont les membres se considèrent les successeurs de Rabbi Shimon Bar Yochai. Ils aspirent à parvenir à la rédemption par des actes de repentance. Leur implication dans la Kabbale et leur mode de vie inspire d’autres « confréries » de ce type, telle de « Gourei HaAri ».
Shlomo Alkabetz fut le père d’un modèle social adopté à Tzfat. Il rédigea des interprétations kabbalistiques des Psaumes et du Cantique des Cantiques, qui ne sont pas très connues.
Tombe de Shlomo Alkabetz
MOSHÉ CORDOVERO (Tzfat 1522-Tzfat 1570)
Parmi les Kabbalistes de Tzfat, le rabbin Moshé Cordovero était connu principalement pour son approche systématique de la Kabbale. Elève de Joseph Caro et membre de la confrérie fondée par son beau-frère Shlomo Alkabetz, il est devenu l’un des grands théoriciens de la mystique juive. Son premier ouvrage « Pardess Rimonim », étudie les différentes tendances de la Kabbale qu’il explique très systématiquement. Ainsi, présentée de façon cohérente, elle devient plus abordable.
La doctrine de Cordovero traite de la passerelle entre l’homme et le divin, les dix « sefirot » par l’intermédiaire desquelles Dieu se révèle à l’homme mais aussi par lesquelles l’homme se rapproche de Dieu. L’homme croyant, arrivant au plus haut niveau de la kabbale, entre en contact avec la présence divine, comme cela a été le cas pour Cordovero. Il est également l’auteur de nombreux commentaires. Le plus célèbre de ses nombreux élèves, est le Ari, qui lui succéda.
Tombe de Moshé Cordovero
ISSAC LURIA ASHKENAZI – Le ARI (Jérusalem 1534 - Tzfat 1572)
Le Ari est synonyme de l’âge d’Or de Tzfat au 16e siècle, en dépit de la courte période où il y a vécu (1569-1572) et du jeune âge qu’il avait lors de son décès (38 ans). Il laissa une forte empreinte sur ses contemporains et sur l’esprit du judaïsme jusqu’à ce jour.
Il n’a que huit ans quand son père meurt. Avec sa mère, il quitte Jérusalem pour s’installer en Égypte, où il grandira dans la maison de son riche oncle. C’est là que se forma sa personnalité unique. Il aimait s’isoler, se plonger dans les études de la Torah et écouter les voix de la nature et de son Créateur. Sur les bords du Nil, il étudia les mystères de la création et c’est tout naturellement qu’il s’intéresse au Zohar tout en se retirant progressivement de la vie quotidienne. Grâce à ses connaissances kabbalistiques, il devient un rabbin très célèbre en Égypte, également pour ses « révélations » divines portant sur la Torah.
Il s’installe à Tzfat pour y rejoindre les Sages qui y résident mais sans doute aussi parce qu’il croyait que 1575 serait l’année de la venue du Messie. Là, il étudie avec Moshé Cordovero dont il deviendra le successeur.
Il devient très célèbre à Tzfat. Etant habitué à une vie d’abstinence, il s’écarte des habitudes de son maître et, dans tous les domaines, recherche l’ascétisme. Ses écrits sont peu nombreux, il réduit le nombre des élèves qui viennent écouter ses enseignements. Parmi ces élèves, les « Gourim » (lionceaux, Ari signifiant Lion), R. Haïm Vital, à qui il dévoilera ses enseignement en lui demande de ne pas les dévoiler.
Issac Luria et ses disciples ont pris sur eux le «Tikkun» (réparation) du cosmos afin d’accélérer la venue du Messie. Ils pratiquaient la « Kavanah» (méditation en prière), la pénitence et le jeûne. Ils ont étudié le Zohar, prié sur les tombes des Justes, pratiquent la charité et la bienfaisance. Contrairement à la croyance traditionnelle disant que la rédemption ne se produirait qu’après l’arrivée du Messie, le Ari considérait que le Tikkun était une condition à sa venue et qu’elle dépendait du peuple juif.
Selon le Ari, l’exil est un exil cosmique, qui touche l’ensemble de la création. Seuls les Juifs ont le pouvoir de faire survenir cette rédemption. Pour cela, il leur faut respecter les préceptes et la religion. Mais le rôle de la Kabbale dans ce processus, est également essentiel. Les faits ont un pouvoir, la kabbale lourianique est donc considérée comme une kabbale pratique.
Le Ari donna au Peuple juif un rôle central et bien défini dans la rédemption du monde. Il proposait des solutions pratiques aux problèmes de l’heure et après lui, la Kabbale devient un endroit dans lequel toutes les générations chercheront des réponses aux questions. On peut voir dans le sabbataïsme et le hassidisme une continuation tardive de la kabbale lourianique.
Le Ari meurt à la fleur de l’âge. C’est uniquement grâce à ses élèves que l’on connaît sa vie et ses enseignements. Les lettres de son disciple, Haïm Vital, nous indiquent qu’il était considéré par ses contemporains comme le Messie fils de Joseph qui devait préparer le terrain à la venue du Messie, fils de David. Sa mort, trois ans avant la date prévue de la Rédemption (1575) est expliquée par certains de ses contemporains comme une punition pour avoir divulgué ses secrets à Haim Vital. D’autres pensent qu’il est mort en luttant avec les forces célestes pour faire avancer la Rédemption.
Tombe d’Isaac Luria Ashkenazi – le Ari